Personnalités

5 mai 2021 -
Le coffre aux trésors d'Hôtel Château Laurier Québec

Après plus d’un an à vivre une pandémie mondiale, nous avons demandé à certaines personnalités publiques de nous faire parvenir un texte décrivant leur sentiment dû à l’impossibilité de voyager durant la dernière année.

Voici les textes reçus par certaines de ces personnalités. Merci de votre collaboration!

 

Texte de Yves-François Blanchet

Chef du parti du Bloc québécois

L’idée même du voyage interpelle des formes, des vents, des couleurs, des soleils, des saveurs et des musiques, des odeurs et des sensations créées par la différence et l’histoire. On ne réalise jamais autant le privilège qu’on a de sillonner le monde que lorsqu’on en est privé, alors qu’il y a moins d’un siècle, tant de nous quittaient à peine leur région natale. Tôt ou tard, nos pas nous ramènent plus près de chez soi, et dans mon cas, me tirent irrésistiblement vers la seule capitale de ma nation, fière et française, vers cette ville de Québec où je me sens chez moi, où je me rends au moindre prétexte, ou sans raison autre que le bonheur. Ce bonheur me manque. J’y reviendrai au premier jour.

 

Texte de Jean-Paul Desjardins

Administrateur de sociétés

Voyager, c’est rencontrer!

Que peuvent faire des personnes qui sont quadraplégiques, ou encore des personnes qui ont été emprisonnées pour de longues périodes, avec raison ou à tort? Rêvent-elles à voyager? Comment le font-elles? C’est le début de ma réflexion, le voyage, c’est l’ouverture, la possibilité de découvrir quelque chose, une culture, des gens différents ou semblables. Nous pouvons le faire par la lecture, en rêvant, en fermant tout simplement les yeux, ou tout bonnement en regardant un documentaire, un film qui nous amène ailleurs! … En s’imaginant un univers, des personnages, comme le fait J. K. Rowling, ou encore Tolkien.

De plus en plus, les inventions technologiques nous plongent dans des univers qui nous semblent réels; voyageons-nous alors, sommes-nous ailleurs? Découvrons-nous quelque chose de nouveau par la réalité augmentée? Voyager, c’est d’abord la rencontre, c’est explorer, c’est connaître un nouvel aspect de quelqu’un, c’est s’intéresser à l’autre, peu importe la façon dont nous le faisons. La belle, la vraie rencontre peut avoir lieu au coin de la rue, chez soi, en Thaïlande, en allant marcher… pourvu que la personne humaine demeure au centre de notre démarche, de notre voyage… Voilà, j’espère vous avoir déjà fait voyager!

Jean-Paul Desjardins, toujours à la poursuite de nouvelles rencontres!

 

Texte de Alicia Despins:

Conseillère municipale, district Vanier-Duberger
Membre du comité exécutif et responsable de la culture, de la techno-culture et des grands événements – Ville de Québec

Le voyage, c’est la découverte, c’est l’aventure.

Pour beaucoup d’entre nous, c’est un besoin inexplicable, une façon de briser la monotonie du quotidien ou de relativiser notre existence, la replacer dans un contexte mondial. Chamboulant tous les aspects de nos vies, la pandémie n’aura heureusement pas réussi à éradiquer notre goût du voyage même si celui-ci prend un tout nouveau sens.
Les citoyens de Québec ont redécouvert leur ville au courant des derniers mois. Que ce soit à travers un concert virtuel, capté dans notre salle de spectacle favorite, par l’apprivoisement d’un sentier urbain de raquette, via une escapade à l’hôtel pas loin de chez-nous ou par l’entremise d’un repas du restaurant du coin livré à la maison, les petites choses du quotidien sont redevenues les joyaux qu’ils ont toujours été.
Pour moi, cette redécouverte de ma belle ville de Québec s’est faite grâce à mes pieds et à mes bottes bien lacées. De longues marches à travers des quartiers et des rues que je connaissais trop peu. Accompagnée uniquement d’un roman, mes marches furent ponctuées d’évasion, à coup de chapitres, confortablement installée sur une chaise Adirondack, une petite pause à une place chaleureuse comme on le ferait à un café à Paris, une place publique à Marrakech ou un marché extérieur à Lima.

 

Texte par Sabrina Ferland

Présidente, Bellita spectacles sur mesure

Apprécier ce que l’on a

C’est toujours bon de se rappeler qu’il faut apprécier ce que l’on a au quotidien. Mais quand ce qui nous semblait acquis devient soudainement inaccessible, on se rend compte à quel point tout cela nous manque.

Pour ma part, le besoin de voyager se fait ressentir au moins deux fois par an. Chasser la grisaille de novembre ou casser le froid de février m’a infiniment manqué cette année. J’ai besoin de soleil, de liberté et de temps pour moi. Ça n’a pas été évident de combler ce vide.

L’après-pandémie changera à tout jamais notre façon de voyager. Ce sera un peu comme un « avant et après 11 septembre ». Les règles sanitaires vont sans doute demeurer, et la vigilance concernant les consignes sanitaires sera de mise encore longtemps et partout. Il y a quand même du bon dans tout ça.

Évidemment, on va beaucoup l’apprécier, notre première escapade à l’étranger.

Je crois cependant que chaque épreuve nous envoie des messages qui faut tenter de comprendre, et c’est à nous de nous adapter à la réalité du moment et d’assumer les conséquences qui en découlent. Notre belle planète a besoin qu’on prenne soin d’elle; on le sait depuis longtemps, mais c’est comme un cri d’alarme qu’on a entendu résonner, comme un « Au secours! Réveillez-vous! ». Il y a toutes sortes d’opinions et de théories là-dessus; en ce qui me concerne, la situation de la COVID m’a sensibilisée et incitée à faire encore plus attention à mon environnement et aux gens qui m’entourent.

Le fait de voyager moins à l’extérieur du Québec nous donnera assurément plus d’opportunités pour prendre le temps de découvrir davantage nos trésors locaux, nos régions et tous leurs attraits. Combien de fois aie-je discuté avec des gens qui m’ont dit n’avoir encore jamais vu le Lac-Saint-Jean. Pourtant, durant certaines semaines estivales, mis à part la couleur de l’eau, on s’y croirait comme au Mexique! Et la Gaspésie, avec ses montagnes et ses paysages à couper le souffle, Charlevoix et son Isle-aux-Coudres débordante de richesses et de perles secrètes… De quoi nourrir à souhait son besoin d’escapades! Bien sûr, la découverte de cultures différentes a un côté dépaysant supplémentaire; néanmoins, si c’est ça, s’adapter à la réalité, je crois que c’est un beau « prix de consolation »!

Apprendre à être bien chez soi et à encourager l’économie locale constitue aussi un effet secondaire positif de cette pandémie. On n’a jamais été autant sensibilisé au fait de s’entraider et de comprendre l’importance du mot « solidarité » et de la fierté du patrimoine. J’ai vu des amis se vanter sur les médias sociaux d’être allés à tel endroit ou d’avoir dégusté le « take out » d’un certain resto pour ensuite en faire la promotion. On aime ça, et on en redemande! Quand on voit nos belles institutions souffrir et même s’éteindre, on tend la main, on pose des gestes. Ça aussi, c’est beau, et j’espère sincèrement qu’on continuera à le faire une fois les nuages gris dissipés…

 

Texte de Liza Frulla

Directrice générale, Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec

Depuis plus d’un an, nous vivons collectivement une crise sans précédent qui nous a forcés à cultiver la résilience. Osons voir dans ce grand bouleversement l’opportunité pour les Québécois.es de se réapproprier leur territoire. Inutile de traverser l’océan pour découvrir des montagnes majestueuses; voyager au Québec permet aussi de voir la mer… L’expérience du tourisme local est également une occasion de célébrer nos excellents produits, le savoir-faire de nos producteurs et la créativité de nos chefs. Parlez-en aux voyageurs des quatre coins du monde : les Québécois sont passés maîtres dans l’art de l’accueil !

À titre de plus grande école hôtelière au pays, l’Institut de tourisme et de l’hôtellerie du Québec est toujours à l’affût des transformations de notre industrie. Trois grandes tendances se dessinent pour l’avenir : la santé des voyageurs sera désormais au cœur des préoccupations, le tourisme se voudra durable, plus respectueux de l’environnement et de la société, et l’intelligence artificielle fera son entrée dans nos pratiques, permettant aux professionnels de l’accueil de se concentrer encore davantage sur les rapports humains.

À l’ITHQ, nous formons les piliers du tourisme au Québec. Nous nous enorgueillissons de chacune des belles carrières que mènent nos diplômés dans le merveilleux monde du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration. Et nous sommes fiers de voir Aude Lafrance-Girard, diplômée de l’ITHQ, à la tête de l’Hôtel Château Laurier Québec. Elle participe avec brio à la relance de notre industrie en vous invitant, elle aussi, à célébrer votre Québec.

 

Texte de Anne Hudon

Directrice générale, Festival d’été de Québec

Des vacances dans ma ville

La pandémie nous a imposé un temps d’arrêt. Cette pause nous a fait prendre conscience encore davantage de l’environnement dans lequel nous vivons, tous les jours. En ce qui me concerne, lorsque j’avais besoin de repos ou de changer d’air, la solution tout en haut de ma liste était de partir en voyage. Pas nécessairement toujours très loin, mais partir. La sensation de découvrir une nouvelle montagne, un nouveau restaurant, une nouvelle rue…voir la vie d’un nouvel angle pour se ressourcer.

J’aime profondément notre ville, un endroit dont le décor magnifique et les quartiers animés m’inspirent. Lorsqu’on a compris que la pandémie était dans nos vies pour un bon moment, on a donc choisi de partir en voyage dans notre propre ville. On a vendu notre maison pour s’installer en plein cœur de Québec de manière à profiter de l’ambiance urbaine et fréquenter quotidiennement les petits commerces du quartier. Et que dire du plaisir d’aller travailler à pied lorsque mon horaire le permet. Mon trajet devient alors comme un petit voyage!

J’encourage les gens de Québec à se gâter en séjournant un soir dans un hôtel de notre belle ville cet été!

 

Texte de Pierre Jobin

Journaliste

Un an sans voyager

Voyager c’est aller vers l’autre et cet autre nous manque.

Le voyage, on le rêve plusieurs semaines avant de le faire.

C’est la soupape pour la dure année de travail que l’on vient de terminer.

La pandémie nous a illustré clairement l’importance que l’on accorde à ce rituel.

La pandémie a mis en lumière son rôle dans notre équilibre mental, dans notre joie de vivre.

Aujourd’hui, nous sommes en deuil de ces aéroports bondés, grouillants, de ces agents de bord qui nous accompagnaient pendant quelques heures, du léger stress avant d’atterrir et de cette douce euphorie quand les portes s’ouvraient.

Quand la pandémie sera chose du passé, nous reprendrons nos voyages mais je crois en appréciant chaque minute, un peu comme si c’était le dernier. Nous serons plus sensibles à la beauté des lieux et des gens qui les habitent. Ce sera le cas tant au pays qu’à l’étranger.

Les livres de ces lieux inconnus qui nous ont gardé éveillés, nous accompagneront pour terminer leur mission.

J’ai déjà choisi l’endroit où j’irai prendre mon café pour célébrer le décès du Covid 19.

Pour moi ce sera Prague, un désir inachevé et le désir c’est le billet d’avion du cerveau

 

Texte de Stéphan La Roche

Président-directeur général, Musée de la Civilisation

Je voyage dans ma tête

D’aussi loin que je me souvienne, le voyage a toujours fait partie de ma vie. J’avais des parents toujours en mouvement, qui voyageaient beaucoup, sur le territoire québécois comme à l’étranger. Et comme j’étais le petit dernier, ils me trainaient partout avec eux. On peut donc dire que j’ai eu la « piqûre ». Dès les premières années de ma vie d’adulte, j’ai pris mon baluchon à mon tour pour découvrir de nombreux pays, jusqu’à m’installer pour vivre en France pendant quatre ans. Évidemment, toutes ces pérégrinations m’ont laissé de vifs souvenirs.

En cette période d’immobilité, ce sont toutes ces images qui me reviennent et qui m’habitent. Souvent, le soir, je laisse mon esprit divaguer sur tel voyage ou tel autre en tentant de le reconstituer le plus précisément possible… Et, inévitablement, un déclic se produit à chaque rêverie : c’est alors que je me promets de retourner dans cette ville, revisiter ce riche musée ou aller découvrir ce quartier intriguant que je n’avais pas eu le temps de parcourir… Mon carnet de projets de voyage n’a ainsi fait que s’allonger durant cette pandémie. Ah ! Croyez-moi : je saurai bien trouver une façon de récupérer le temps perdu !

 

Texte de John R. Porter, C.M., O.Q.

Président du conseil d’administration de la Fondation Félix-Leclerc

Dans ma vie professionnelle comme dans ma vie personnelle, j’ai toujours carburé aux horizons d’ici et d’ailleurs : Îles de la Madeleine, canaux de France, Argentine et Chili, Sicile et Naples auront été au nombre de mes destinations depuis 2018. Je puis confirmer que le voyage vous garde vivant, car il nous inscrit dans l’espace et dans le temps.

Pour moi, le voyage s’est toujours conjugué en trois temps : le voyage dont on rêve, le voyage que l’on fait et celui dont on se souvient.

Au cours de la dernière année de pandémie, j’aurai dû me contenter de cultiver mes souvenirs et mes rêves de voyage en Corse ou dans les fjords de la Norvège. Mon prochain voyage à l’étranger, je l’apprécierai encore plus puisque j’aurai été privé d’une escapade en pays étrangers, contrairement à mes habitudes. Au cours des douze derniers mois de pandémie, j’aurai connu ce que j’appelle le voyage sédentaire, mais j’ai hâte de renouer avec les bonheurs d’un vrai départ. La dernière année aura tout de même eu quelque chose de bon, puisqu’elle aura constitué une opportunité en or d’ouvrir enfin les yeux sur les beautés qui nous entourent, mais que nous ne prenions plus le temps de voir. En ce sens, la pandémie se sera révélée une occasion d’améliorer notre façon de voyager tout en faisant du sur place.

 

Texte de Mélanie Raymond

Directrice générale, Carnaval de Québec

Chaque année lorsque l’hiver fond sous nos pieds et que les journées s’étirent doucement, la folle envie de prendre le large m’envahit. Que ce soit pour arpenter des fonds marins, m’émerveiller à la vue de paysages à couper le souffle, me laisser enivrer par des odeurs et des saveurs surprenantes, l’appel du voyage résonne en moi.

Le printemps 2020 a été brutal, soudainement tous les plans de voyages se fracassaient les uns après les autres. Ces doux moments de repos tant convoités me filaient entre les doigts. Rapidement il m’est apparu évident que la seule option serait de voyager dans notre belle province. De la contrainte est née une fabuleuse quête de nos richesses québécoises, que ce soit en Gaspésie, à L’Isle-aux-Coudres ou à Tadoussac, je me suis laissée porter et je m’y suis sentie en voyage!

« Le plus beau voyage c’est celui qu’on n’a pas encore fait. » – Loick Peyron

J’ai littéralement été séduite par des panoramas dignes des plus grands films, par une gastronomie riche et empreinte de fraicheur et surtout par des gens d’exception qui ont soif de nous faire découvrir les trésors dont regorgent leur région. Que ce soit à l’étranger ou tout près de la maison, la découverte passe par une ouverture d’esprit et l’envie d’être dépaysé. Notre façon de voyager aura certainement changée, notre façon de recevoir elle, sera plus que jamais la clé du succès de notre fabuleuse destination!

 

Texte de Martin Soucy

Président-directeur général, Alliance de l’industrie touristique du Québec

Comme piste de départ, voici quelques lignes de réflexion :

  1. Les voyageurs adorent partir à la découverte du monde et dès qu’on commence, on devient insatiable et on en veut toujours plus. L’après pandémie changera-t-elle nos façons de découvrir le monde?
  2. Pourra-t-on recommencer à voyager de la même manière après la pandémie? Les séjours se feront-ils plus rares mais plus intenses?
  3. Le fait de moins voyager peut ralentir cette envie ou nous amener à changer notre manière de faire. On découvre de nouveaux intérêts, on déplace notre temps et budget vers d’autres projets, d’autres loisirs. Quels sont-ils?
  4. La lecture peut aussi faire voyager n’est-ce pas?

Le tourisme : et si après ?

Depuis plus de 25 ans, je suis habité par le tourisme. D’abord parce qu’il nous fait entrer en contact avec d’autres et que ces rencontres humaines nous permettent d’offrir de nombreux moments de bonheur. Ces souvenirs que les gens ramènent à la maison et que nous créons en tourisme sont durables. Le tourisme m’a aussi amené dans le rôle d’ambassadeur de quelques régions et, maintenant, de tout le Québec. C’est unique de pouvoir présenter ce que nous avons de meilleur à offrir, d’accueillir, de guider et de faire découvrir. Je suis aussi touriste dans la vie, curieux, tant des splendeurs du Québec qui offrent tant de possibilités que d’ailleurs dans le monde pour nous inspirer.

La pandémie a certes mis un frein à tout cela et elle nous changera possiblement dans cet après. Le tourisme repartira plus fort, mais possiblement transformé après cette tempête. Notre besoin de contact humain nous fera peut-être prendre plus notre temps pour arrêter la frénésie de nos vies parfois trop hyperactives. On parlera de voyage tout comme de vacances comme des synonymes. Nous partirons moins souvent, mais plus longtemps. Nous irons à la rencontre des gens des localités avec un intérêt d’en connaître plus et de vivre pour vrai. Lorsque les artisans du tourisme recommenceront à accueillir plus librement et à présenter le Québec que la pandémie ne nous aura pas enlevé, nous redeviendrons ces créateurs de bonheur que nous sommes tous. Et si après ? Que j’ai hâte !

Clavardage