En traversant la réception de l’Hôtel Château Laurier Québec dernièrement, je me suis arrêté quelques instants devant ce portrait du jeune Sylvain Lelièvre peint par l’artiste madelinot Louis Boudreault et je me suis mis à repenser à mes années de jeunesse passées au cœur du quartier Limoilou.
Lelièvre chantait « Quand on est de la basse-ville, on n’est pas de la haute ville », exprimant ainsi un sentiment un peu contradictoire des habitants du Limoilou d’alors, traduisant un certain complexe d’infériorité, mais exprimant du même coup la fierté d’appartenir à un village en ville où la communauté était tissée serrée. Si les choses ont bien changé depuis, avec l’effervescence palpable au cœur du Vieux-Limoilou, on y retrouve toujours l’esprit d’un milieu de vie profondément convivial tel que le décrivait l’auteur-compositeur dans sa chanson. C’est toujours avec beaucoup de plaisir que je retourne me promener à Limoilou. Je vous invite donc à me suivre pour découvrir quelques bonnes adresses qui font du Vieux-Limoilou une destination pour les épicuriens.
Si les amateurs de bonne bouffe peuvent jouir d’une offre généreuse depuis quelques années au cœur du Vieux-Limoilou, il y a un autre établissement localisé dans le quartier qui en met plein les oreilles aux mélomanes et ce, depuis près de 50 ans. À l’intersection de la 3e Avenue et de la 4e Rue, on retrouve en effet les locaux de CKRL-FM, une institution médiatique qui marque la vie culturelle et musicale de Québec depuis près de cinquante ans. La station, après sa naissance à l’Université Laval et deux déménagements dans le Vieux-Québec et le quartier Montcalm, a vraiment trouvé dans Limoilou, une terre d’adoption tout à fait naturelle. D’ailleurs, Denis Lelièvre, le frère de Sylvain, est animateur de la station depuis sa création en 1973.
Couleur café
Avec le renouvellement de la trame sociale et économique d’un quartier, on remarque souvent la naissance de commerces et d’établissements qui s’adressent aux amateurs de café et de thé. Si cela est un indice de renouveau, et bien on peut affirmer, sans se tromper, que Limoilou connaît une véritable renaissance. On retrouve, tout au long de la 3e Ave, de bonnes adresses pour répondre aux attentes des clients à la recherche de cafés et de thés de qualité. À l’extrémité sud du quartier, tout juste après avoir traversé le pont qui enjambe la Rivière Saint-Charles, au coin de la 2e Rue, une nouvelle succursale du café la Maison Smith a ouvert ses portes après les succursales du Vieux-Québec et de l’Île d’Orléans. Aux places offertes par le café, se greffe la nouvelle unité de production de ce réseau d’établissements.
Au coin de la 5e Rue, dans ce qui était autrefois une pharmacie, on retrouve la Brûlerie du Vieux-Limoilou. Faisant partie d’un réseau de brûleries établies dans plusieurs quartiers de Québec, dont Saint-Roch, le Faubourg Saint-Jean-Baptiste, Vanier et Sainte-Foy, la Brûlerie du Vieux-Limoilou s’est donnée pour objectif de démocratiser la culture du café en offrant un produit bien fait à un prix honnête.
De biais, de l’autre côté de l’avenue, on retrouve les Cafés Sobab, une véritable institution pour les amoureux du café. La famille Babos exploite en effet ce commerce depuis un quart de siècle. Dès que vous aurez franchi la porte, l’arôme de ce nectar vous subjuguera. Vous n’aurez qu’à vous laisser guider par des conseillers qualifiés et passionnés. On retrouve également à l’intérieur de ce café une boutique où vous pourrez acheter une machine espresso et tous les accessoires qui vous permettront de vous conconcter, à la maison, des cafés dignes d’un baristas.
Quelques pâtés de maison vers le nord, au coin de la 12e Rue, quand on ouvre la porte de Le lièvre et la tortue, on pénètre dans un joli salon de thé qui nous accueille dans un décor unique et inspirant : meubles d’une autre époque, tasses, soucoupes et assiettes fleuries, plateaux à petits sandwichs et pâtisseries très « British », tout est mis en scène pour recréer l’ambiance d’un véritable salon de thé. Au menu, pour accompagner une belle sélection de thés, de belles douceurs telles scones, sandwichs au poulet et aux concombres, cake au citron et pouding au pain. Et pour vous amateurs de café, vous pourrez y déguster également espresso, latté, cappuccino, mochaccinno et compagnie.
Et si on mangeait
Dans le Limoilou de ma jeunesse, l’offre en matière de restaurants était, somme toutes, limitée et plutôt traditionnelle. À cet égard, Limoilou n’était guère différent des autres quartiers ouvriers et de classe moyenne qui ceinturaient le cœur touristique de Québec, comme Saint-Sauveur et Saint-Roch. Tout comme ces derniers, la scène gastronomique et bistronomique du Vieux-Limoilou a connu une véritable explosion depuis le début des années 2000. Le nombre d’adresses intéressantes est impressionnant. Je vous invite vraiment à aller vous promener dans le coin pour les découvrir. Je vais tout de même vous en présenter quelques-unes qui méritent définitivement le détour.
Entre la 5e et al 6e Rue, sur le côté ouest de la 3e Avenue, on retrouve le Myagi, un petit bistro Thai fort sympathique où vous pourrez déguster sushis, poke bowls et sautés thaïlandais dans une ambiance feutrée et un décor sans prétention rappelant les bistros new-yorkais. Je vous recommande particulièrement les calmars Shangaï, ils sont délicieux.
Tout juste à côté, Arvi, un établissement que je n’ai pas encore eu la chance de fréquenter mais qui m’attire vraiment. Celui-ci a fait une entrée remarquée dans l’univers de la gastronomie à Québec puisqu’il a été nommé meilleur nouveau restaurant au Canada en 2019 par le magazine En Route d’Air Canada. Arvi propose une cuisine libre et forte en caractère, dans un local où il n’y a pas de frontière entre le restaurant et la cuisine, celle-ci étant carrément située au centre, sans réelle frontière physique. D’ailleurs, l’absence de frontière entre la cuisine et les tables n’est pas que physique puisque ce sont les membres de la brigade du chef Julien Massia qui font régulièrement le service aux tables.
Un peu plus loin sur la 3e Avenue, la porte est ouverte pour accéder à La Planque, une autre belle adresse de la gastronomie de Québec. Une planque, par définition, est un lieu caché et secret. Ici, il faut le dire, le secret est éventé depuis un certain temps, puisque le restaurant a définitivement conquis une belle et fidèle clientèle de clients attirée par la chaleur et la gastronomie créative de l’établissement. Dans ce repère, la promesse est claire : cuisine de qualité, bons vins, bières goûteuses, bonne musique et décor recherché.
Côté bistros, micro-brasseries et restos sympathiques, voici également en vrac quelques bonnes adresses :
Au coin de la 7e Rue, Le Trèfle, où après Verdun et Hochelaga à Montréal, le comédien Rémi-Pierre Paquin et ses partenaires, vous accueillent dans cette taverne irlandaise qui, avec ses murs et planchers de bois, son bar à surface en cuivre et son cachet antique, propose plus de 100 bonnes bières, des scotchs de renom et un menu de qualité et varié.
À l’intersection de la 3e Avenue et de la 6e Rue, Fistons resto-bistro de quartier où vous pourrez déguster pizzas, shish taouk, burgers et tartares dans une ambiance décontractée et conviviale.
Face à Demers vélos et skis de fond, La Signature, un resto « apportez votre vin », est une adresse populaire qui propose, entre autres, une carte de brunchs et de déjeuners généreuse et délicieuse, offerts dans une ambiance moderne et accueillante. Et, les commentaires laissés par les clients sur le Web le confirment, vous pouvez être assurés d’un service personnalisé et près des gens.
Et comme dernière bonne adresse, sur le Chemin de la Canardière, à quelques minutes à l’écart de la 3e Avenue et à quelques pas du CEGEP de Limoilou, La Souche, une microbrasserie qui offre, à chaque saison, une diversité de produits inspirés de la nature et une multitude de façons de faire de la bière, réinventées à chaque brassin. La promesse de La Souche Limoilou : offrir un espace de dégustation chaleureux et festif qui vous fera vivre un moment de répit en nature, en plein cœur de la ville.
Et pour cuisiner à la maison
Pour les amateurs de bonne bouffe et de bons produits que l’on peut apprêter à la maison, Limoilou offre également de bonnes adresses. J’en partage une avec vous. À l’intersection formée par la 3e Avenue et le Chemin de la Canardière, le Croc Mignon, une boucherie, une poissonnerie et un service traiteur sont réunis sous le même toit. Au Croc Mignon, on a à cœur de s’approvisionner chez des producteurs locaux qui fournissent des produits de première qualité. Bœuf, agneau, porc, poulet, une bonne adresse pour remplir votre frigo de viandes délicieuses. Et côté mer, vous y trouverez une vaste sélection qui raviront les amateurs de poissons.
Pour l’amour du gin et de Limoilou
Un peu en retrait de la 3e Avenue, en bordure de la rivière Saint-Charles, se retrouve une petite zone industrielle où deux jeunes entrepreneurs dynamiques ont implanté la distillerie Stadaconé. Ils auraient pu limiter la vente de leurs délicieux gins dans le salon de dégustation de l’usine avec son beau bar en forme de proue de navire ou même se contenter d’offrir des visites guidées. Mais ils ont décidé d’aller encore plus loin dans leur projet en investissant dans un véritable jeu d’évasion intégré à la visite de leurs installations. Chacun des produits de la distillerie Stadaconé est unique, tant par son aspect visuel que par sa composition. Leur vision est audacieuse et à l’image du dynamisme qui caractérise le Vieux-Limoilou, soit augmenter l’offre touristique en devenant un attrait incontournable, offrir des produits qui ont du goût tout en plaisant au plus grand nombre et enfin, gérer une entreprise qui se comporte comme un citoyen généreux et responsable face à l’environnement.
Le Limoilou d’aujourd’hui, tout comme celui de Sylvain Lelièvre, est un lieu convivial qui propose toujours une belle vie de quartier. Si vous y demeurez ou si vous le fréquentez, vous serez sûrement d’accord avec moi pour dire qu’il fait bon y vivre, s’y restaurer et se divertir. S’y tient d’ailleurs Limoilove, un événement de rue festif et gastronomique au nom évocateur, qui traduit tellement l’essence de la marque du « nouveau » Vieux-Limoilou.
En vous quittant, avant de proposer mon coup de cœur musical, voici une image de la Place Sylvain Lelièvre en hommage à l’auteur-compositeur et à son œuvre.
« Moi je suis d’une ruelle comme on est d’un village »,
Tiré de la chanson La Basse-ville de Sylvain Lelièvre