L’enthousiasme avec lequel les pêcheurs aiment faire le récit de leur expédition et parler de leurs prises est proverbial. Étant moi-même un pêcheur, je pourrais vous en raconter des vertes et des pas mûres entendues au fil des ans. Il se pourrait même que, emballé au retour d’un de mes voyages de pêche, je me suis laissé aller à l’occasion à pimenter quelque peu le récit de mes expéditions. Et oui, lorsque l’on revient d’un séjour en pleine nature pour taquiner le poisson, il peut nous arriver de grossir un tant soit peu l’importance et la grosseur de nos prises. Je dirais même que ça fait un peu partie du plaisir de pêcher. Mais je peux vous assurer que l’histoire de pêche que je vais vous raconter aujourd’hui est bien réelle et qu’elle restera bien gravée dans la mémoire de ceux qui y ont participé.
L’histoire débute au début de l’été 2018. Francis Lévesque, le directeur des banquets du George V services de banquets et traiteur de l’Hôtel Château Laurier Québec, préparait un souper au homard avec Benoit Raymond, un ami. Celui-ci, en regardant sur une des pinces du crustacé, l’élastique bleu et le médaillon qui certifie que celui-ci a bel et bien été pêché en Gaspésie, lui dit qu’il aimerait bien avoir la chance de participer un jour à une pêche au homard. Francis, qui a dans ses connaissances Joël Berthelot, un pêcheur gaspésien, saisit la balle au bond et communique avec ce dernier pour voir si un tel projet est réalisable. Mai 2019, les deux acolytes partent en Gaspésie pour vivre l’expérience de la pêche aux homards avec Joël sur le bateau du capitaine Jimmy Lepage. Ils ont aussi la chance de visiter la plus grosse usine de transformation de crustacés en Amérique du Nord, E Gagnon et Fils Ltée, avec Bill Sheehan qui a repris l’entreprise familiale avec son frère.
Peu après, Joël est à Québec pendant le Festival d’été de Québec. Il est accompagné de Bill. Francis, Benoit et leurs amis gaspésiens se rencontre pour un souper au restaurant. Au cours du repas, Joël et Bill proposent à Francis et Benoit de participer à une pêche au thon rouge d’ici à la fin de l’été. L’invitation ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd. Francis n’est pas homme à laisser passer une telle opportunité. Il met en place dès lors tous les aspects d’un projet ambitieux. Il propose dans un premier temps à Henrich Meesen, le chef exécutif du George V de les accompagner lors de cette expédition et c’est avec enthousiasme que ce dernier accepte de se joindre à l’aventure. Il pose toutefois une condition, soit d’emmener avec eux Guillaume Dumas, cuisinier et collaborateur depuis les dix dernières années et surtout, un passionné de la pêche. Et puis, se disant que mettre en images cette pêche au thon pourrait très bien rapporter aussi gros qu’un beau thon, Francis en parle à son frère Christian qui possède Senseï Media, une boite de production vidéo.
Au cours des semaines qui suivent, tout se met en place pour leur permettre de vivre une expérience qu’ils n’oublieront pas de sitôt. Arrive le grand jour, le 12 septembre dernier. Le groupe de Québec, auquel se joint Louis Latulippe, un autre ami de Francis et Benoit, prend l’avion à l’Aéroport Jean Lesage en direction de Gaspé. Arrivés sur place en soirée, ils échangent autour d’une bière et finalisent le plan de match pour une journée qui sera mémorable. Levés au petit matin, Francis et son frère Christian se rendent à Percé et sur la côte gaspésienne pour prendre des images qui seront intégrées à la vidéo. Après, un après-midi à pêcher sur un quai et un bon souper, ils s’embarquent tous vers 18h30 sur le Sun Catcher, le bateau de Jimmy Lepage, le même capitaine du périple de homard qui, par ailleurs, s’y connaît très bien en matière de pêche au thon. Jimmy est accompagné de Kevin Caron, son co-pilote. À eux deux, ils constituent un duo de choc pour guider le groupe dans cette aventure.
Ils quittent donc le quai et se dirigent au large de Chandler. Le temps est clair et la lune est pleine. Guillaume, qui est superstitieux, a entendu dire que la pleine lune, ce n’est pas l’idéal pour la pêche au thon. Advienne que pourra, c’est le grand soir et l’équipage n’a d’autre choix que de faire confiance au capitaine. Alors qu’ils naviguent le long des côtes gaspésiennes, le capitaine lance un appel au groupe en constatant qu’un gros poisson a mordu à la ligne. Dans les premières heures, deux thons ont mordu à l’appât mais ils ont réussi à se décrocher de la ligne. Pendant 1 heure 45 minutes, ils en ont tenu un autre au bout de la ligne. Grâce au savoir-faire du capitaine et à la détermination de tous, ils l’ont ramené patiemment tout près du bateau, à peine dix pieds comme s’ils pouvaient presque y toucher. Puis, dans un grand « clac », la ligne a cédé. Beaucoup d’émotions et certes, une belle déception d’être passé si près. Qu’à cela ne tienne, le capitaine et tout l’équipage ont remis ça. Comme le raconte Henrich, notre chef exécutif, « On était fatigués, on était brûlés, mais j’ai dit, écoute, on va en poigner un autre, un plus gros ». Quinze minutes plus tard, encore une fois, un thon a mordu à la ligne. Malgré la fatigue et les montagnes russes d’émotions des dernières heures, le niveau d’adrénaline était au maximum et au prix d’efforts intenses, un thon de 714 livres a été ramené près de la coque du bateau. Cette fois, pas question de le laisser filer. Une corde a été attaché à la queue et, à 2 heures du matin, c’était le retour au quai de Grande-Rivière avec une belle capture.
Le repos était on ne peut plus mérité pour les amis qui avaient participé à cette aventure inoubliable. Une journée longue, épuisante, mais combien satisfaisante. Et surtout, elle était immortalisée puisque Christian en avait saisi tous les moments dans sa caméra. Pendant ce temps, le capitaine Jimmy s’est attelé à la tâche de préparer le thon afin de pouvoir l’expédier, bien frais, dans les cuisines du George V. Au total, un peu plus de 350 livres de bon thon rouge, frais et de qualité, ont été obtenues.
Toute une histoire de pêche!
Et dire qu’au même moment, j’étais aux Îles-de-la-Madeleine, à moins d’une heure de vol de Gaspé. Définitivement, une belle histoire et celle-là, elle ne sort pas des fabulations d’un pêcheur désirant se rendre intéressant. Une histoire de pêche que Francis planifie déjà de répéter l’année prochaine. Et cette fois, n’en doutez pas, je ferai partie de l’aventure et je l’espère, nous serons encore une fois heureux et satisfaits d’offrir le fruit de notre pêche aux clients du George V. Du thon de grande qualité apprêté par le chef Henrich Meesen et sa brigade et servi de la mer jusque sur les tables de votre événement.