Chambres
Mars 2020, deux événements ont marqué ma vie de femme et d’entrepreneure. On peut définitivement ranger le premier au rayon des bonnes nouvelles. En effet, j’ai appris que j’étais enceinte d’une merveilleuse petite fille qui a vu le jour au mois de novembre suivant. Quant au second, tout à fait imprévisible, il est venu chambouler notre vie à toutes et à tous et a sans aucun doute été, jusqu’à maintenant, le point de départ d’une période on ne peut plus anxiogène pour l’industrie touristique. Vous l’aurez probablement deviné, il s’agit de la pandémie causée par la COVID. Ces deux événements ont et auront définitivement eu un impact majeur sur ma vie et la suite des choses pour ma famille et les entreprises que je dirige.
Avec la COVID est venue une période de confinement qui a, à toutes fins pratiques, paralysé l’activité touristique mondiale. Nous avons dû fermer pendant quelques semaines l’Hôtel Château Bellevue, un de nos deux hôtels. Quant à l’autre, l’Hôtel Château Laurier Québec, nous avons décidé de le garder ouvert même si le taux d’occupation est demeuré inférieur à 5 % pendant des semaines. Et c’est sans parler de notre service de banquets et traiteur George V qui, encore aujourd’hui, après des mois sans activité, fonctionne au ralenti. Ont découlé de cette crise sans précédent, des décisions, parfois douloureuses, que j’ai dû prendre avec l’équipe de direction.
C’est dans ce contexte que j’ai amorcé une réflexion en profondeur. Comment faire en sorte que ma nouvelle vie de mère puisse être compatible avec mon statut de dirigeante et des responsabilités qui en découlent ? Je sentais vraiment le besoin de me créer des conditions gagnantes pour préserver un équilibre essentiel à la bonne marche des affaires et à l’harmonie de ma vie familiale. Et si cet équilibre était si nécessaire pour moi, pourquoi en serait-il autrement pour l’ensemble des membres du personnel de nos entreprises ?
Générer le bonheur
C’est cette réflexion qui a été le point de départ d’un vaste projet de réorganisation administrative. Et la décision de mon père Alain et d’une gestionnaire stratégique de profiter enfin de la retraite rendait cette transformation d’autant plus pertinente. Et en ce qui me concerne, je me devais de me donner plus de temps pour représenter adéquatement l’entreprise dans certains groupes et associations, afin d’exprimer nos préoccupations et partager notre vision des affaires et du tourisme.
Pour donner un sens à cette démarche, je me suis demandé quelle en devait être l’orientation, qu’est-ce qui en donnerait le ton. Pour atteindre l’équilibre recherché, il m’apparaissait fondamental de générer du bonheur et de l’entraide au sein de l’organisation. Nous avons toujours considéré que toutes celles et ceux qui travaillaient au sein de nos hôtels et de notre service de banquets et traiteur faisaient partie d’une grande famille. Et pour qu’il en soit ainsi, je me suis dit qu’il fallait plus que des mots et des beaux slogans. Il fallait des gestes et des actions concrètes qui nous engageaient.
Dans le contexte de rareté de main d’œuvre que nous connaissons et que, à ne pas en douter, nous connaîtrons pour plusieurs années encore, il devient primordial avant toutes choses d’éviter le roulement de personnel et de fidéliser nos employés. Et si nous y parvenons, nous devrions définitivement être mieux placés pour en attirer de nouveaux. Concrètement, nous mettrons de l’avant des mesures simples mais qui, j’en suis convaincue, répondent à des besoins réels.
Parmi les attentes justifiées de notre personnel, comme de l’ensemble des travailleurs d’ailleurs, on retrouve bien entendu l’organisation du temps de travail et l’accès aux vacances. Il devenait donc tout à fait pertinent d’offrir plus de flexibilité dans les horaires de travail, de permettre le télétravail pour les employés qui le peuvent et enfin, de faire preuve d’équité dans le choix des dates de vacances, ce qui n’est pas toujours évident quand on est confronté à des concepts comme l’ancienneté.
Toutes ces décisions et les gestes qui en découlent contribueront, j’en suis persuadée, à rendre nos employés plus heureux et fort probablement plus productifs. Deux ingrédients essentiels si on veut offrir de meilleures prestations à nos clientèles et s’assurer ainsi qu’ils nous choisissent et demeurent fidèles.
Une réorganisation administrative incontournable
Comme le disait Albert Einstein, « La folie, c’est se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent ». Il devenait donc impensable de créer des milieux de travail plus gratifiants tout en cherchant à rentabiliser nos entreprises, sans se pencher sur notre structure d’organisation et nos pratiques administratives. Nous sommes un groupe d’entreprises œuvrant dans l’univers touristique, mais ayant à la fois des services différents par leur nature et leur taille. Au fil des années, chacune de ces entreprises s’est donné des pratiques administratives qui leur étaient propres. De plus, plusieurs postes et fonctions sont devenus surspécialisés, ce qui nuisait vraiment à la mobilité du personnel.
Il était donc utopique d’arriver à offrir de meilleures conditions de travail pour nos employés dans un tel contexte. Il fallait vraiment se donner les moyens de nos ambitions et cela passait inévitablement par une réorganisation administrative. C’est à ce prix, selon moi, que nous pourrons continuer de conserver des employés heureux et motivés et surtout, de faire parti des meilleures entreprises touristiques de Québec et sa région.
Une vision pour générer l’espoir
Pour nous, être hôtelier au Québec, en 2022 et au cours des prochaines années, passe par un engagement et des gestes concrets en matière de respect de l’environnement et de développement durable. Ça passe également par notre implication dans la communauté en soutenant des causes sociales, en contribuant à des organismes philanthropiques, en favorisant l’achat local et en soutenant la vie culturelle et sportive par des partenariats comme ceux que nous avons établis avec Les Libraires, l’Opéra de Québec, le Pentathlon des neiges et plusieurs autres.
En conclusion, comme l’ensemble des personnes actives sur le marché du travail, je dois faire les bons choix pour m’assurer d’un équilibre entre mes obligations professionnelles et ma vie personnelle. Comme dirigeante et entrepreneure, j’ai aussi la responsabilité de tout mettre en œuvre pour générer de l’espoir et du bonheur pour notre personnel. Je suis convaincue que cette quête nous permettra de continuer d’offrir, dans un contexte de rareté de main d’œuvre, une expérience de qualité à toutes nos clientèles.